Un long article dans Politis (n°1313-1314-1315, 24 juillet-27 août 2014) : Ils ont hollandisé Jaurès, dont voici un court aperçu :
« On finissait par être habitués, depuis quelques années, à voir Jaurès victime des pires mensonges – de Louis Aliot (vice-président du Front National) affichant que « Jaurès aurait voté Front National » à Nicolas Sarkozy proclamant qu’il « récusait la lutte des classes », en passant par Jean-Michel Baylet (Homme politique et d’affaires, PDG du groupe La Dépêche) osant un stupéfiant : « Moi, j’admire Jaurès, qui a écrit pendant vingt ans dans La Dépêche du Midi, qui était son journal et non pas L’Humanité, contrairement à ce que tout le monde croit. »
On était même blasés de ne plus voir apparaître, chez la majorité des politiques, que le Jaurès des dictionnaires de citations, ce philosophe si nécessaire sans lequel nous ne saurions pas que le courage « c’est de supporter sans fléchir les épreuves que prodigue la vie » (François Hollande), c’est « de choisir un métier et de le bien faire » (Nicolas Sarkozy) !
L’année 2014 nous apporte une nouveauté : la « hollandisation de Jaurès ». Une opération conduite notamment par la Fondation Jean Jaurès, présidée par Henri Nallet, ancien ministre de la justice et ancien employé des Laboratoires Servier, et dirigée par Gilles Finchelstein, employé de l’agence Havas Worldwide et ex-conseiller de Dominique Strauss-Kahn.
L’objectif : tenter de nous convaincre que « les choix politiques du président [Hollande] sont dans la continuité de ceux de Jaurès » (Henri Nallet).
Le défi est d’envergure. Car le cœur du principal intéressé, qui ne cachait pas qu’il trouvait Clemenceau « plus puissant » et « plus fécond » que Jaurès , n’y est pas. Mais nous sommes en 2014, centenaire oblige – et commémorer Jaurès peut servir, comme la panthéonisation de 1924, « à dissimuler derrière son grand nom la carence d’une majorité qui déçoit tous les jours les espoirs que les travailleurs avaient placés en elle. Ainsi les prêtres des religions décadentes, à mesure que leur flamme s’éteint, que leur foi s’abolit, multiplient les images saintes à l’usage des fidèles leurrés. »
Flamme éteinte et foi abolie, certes. Mais les fidèles de 2014 ne sont plus leurrés comme ceux de 1924. « Jaurès ne parlait pas comme vous ! » : ce cri lancé à F. Hollande par une femme anonyme, le 23 avril dernier, à Carmaux, est symptomatique de ce qu’a pensé ce jour-là tout le peuple de gauche. »
[…]
http://www.politis.fr/Ils-ont-hollandise-Jaures,27891.html
Dans cet article, de nombreuses citations de Jaurès, trop nombreuses pour rendre aisément possible de toutes les référencer en notes. En voici donc les références et, à chaque fois que cela a été possible, le lien vers l’intégralité (ou des extraits importants) du texte d’origine.
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Citation 1
« Le Parti socialiste est un parti d’opposition continue, profonde, à tout le système capitaliste, c’est-à-dire que tous nos actes, toutes nos pensées, toute notre propagande, tous nos votes doivent être dirigés vers la suppression la plus rapide possible de l’iniquité capitaliste. »
A Lille, en 1900, lors du débat, avec Guesde, dit « des deux méthodes ».
Voir : http://www.jaures.eu/ressources/de_jaures/le-principe-de-la-lutte-de-classe-1900/
Citation(s) 2
« [que] tout individu humain [ait] un droit de copropriété sur les moyens de travail […], soit assuré de retenir pour lui-même tout le produit de son effort, assuré aussi d’exercer sa part de direction et d’action sur la conduite du travail commun. »
Autour du « socialisme collectiviste ou communiste », qui s’oppose au « socialisme d’état », alias « capitalisme d’état » : celui qui « respecte les principes essentiels du système capitaliste », et « se borne à protéger la classe non possédante contre certains excès de pouvoir de la classe capitaliste, contre les conséquences outrées du système.»
Dans l’article « Socialisme et liberté » paru dans La Revue de Paris, décembre 1898.
Voir : http://www.jaures.eu/ressources/de_jaures/socialisme-et-liberte-1898/
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Citation 3 :
« Nous ne voulons pas que la République soit pour le prolétariat une duperie. […] Oui, des réformes, mais nettement orientées vers la propriété sociale. Oui, la République, mais tous les jours le plus largement pénétrée de l’esprit prolétarien, tous les jours plus animée du souffle socialiste. »
Article « Par l’abonnement ». L’Humanité, 7 octobre 1905.
Voir : http://www.jaures.eu/ressources/de_jaures/nous-ne-voulons-pas-que-la-republique-soit-pour-le-proletariat-une-duperie-jaures-1905/
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Citation 4 :
Les réformes constituent pour lui « des germes de communisme semés en terre capitaliste », « des formes nouvelles […], à la fois nationales et syndicales, communistes et prolétariennes, qui [feront] peu à peu éclater les cadres du capitalisme. »
Dans la Préface qu’écrit Jaurès pour le recueil de ses articles, intitulé Etudes socialistes, qui paraît en 1901.
Voir : http://www.jaures.eu/ressources/de_jaures/jaures-et-levolution-revolutionnaire-marx-1901/
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Citation 5 :
[…le] Jaurès pour qui rien n’est compréhensible sans le dévoilement des « haines, [des] gaspillages, [du] chaos de la lutte des classes, conséquence et châtiment de la société capitaliste ».
Article « Hier et demain ». L’Humanité, 18 mars 1907.
Voir : http://www.jaures.eu/ressources/de_jaures/hier-et-demain-de-la-commune-la-revolution-sociale-1907/
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Citation 6 :
Cette « lutte incessante du salarié, qui veut élever son salaire, et du capitaliste qui veut le réduire ; du salarié qui veut affirmer sa liberté et du capitaliste qui veut le tenir dans la dépendance. »
A Lille, en 1900, lors du débat, avec Guesde, dit « des deux méthodes ».
Voir : http://www.jaures.eu/ressources/de_jaures/le-principe-de-la-lutte-de-classe-1900/
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Citation 7 :
[…le] Jaurès qui fonde aussi l’Humanité parce que « la puissance de l’argent [a] réussi à s’emparer des organes de l’opinion et à fausser à sa source, c’est-à-dire dans l’information publique, la conscience nationale »
Discours à la Chambre, 8 février 1893.
Voir : http://www.jaures.eu/ressources/de_jaures/letat-financier-et-letat-democratique-panama-et-corruption-1893/
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Citation 8 :
[…] « la presse vénale », « aux mains du pouvoir ou des financiers »
Plaidoirie de Jaurès, lors du procès « du Chambard ».
Voir : http://www.jaures.eu/ressources/de_jaures/jaures-contre-casimir-perier-contre-loligarchie-bourgeoise-1894/
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Citation(s) 9 :
Autour du Jaurès dénonçant les « rapines coloniales ».
Voir cet article sur Jaurès et le colonialisme.
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Citation 10 :
Ce Jaurès qui demande « si les violences auxquelles se livre l’Europe en Afrique achèvent d’exaspérer la fibre blessée des musulmans, si l’Islam un jour répond par un fanatisme farouche et une vaste révolte à l’universelle agression, qui […] aura le droit de s’indigner ? »
« L’ordre sanglant ». L’Humanité, 22 avril 1912.
Voir cet article sur Jaurès et le colonialisme.
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Citation 11 :
« Dans vos journaux, dans vos articles, chez ceux qui vous soutiennent, il y a contre nous, vous m’entendez, un perpétuel appel à l’assassinat. »
Discours à la Chambre des députés, en juillet 1913.
Voir : http://www.jaures.eu/ressources/de_jaures/un-perpetuel-appel-lassassinat-1913/
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Citation 12 :
« On a beau regarder les événements du point de vue de l’histoire, il est impossible de développer ce grand drame sans s’y mêler. On va réveillant les morts, et à peine réveillés, ils vous imposent la loi de la vie, la loi étroite du choix, de la préférence, du combat, du parti-pris, de l’âpre et nécessaire exclusion. Avec qui es-tu ? Avec qui viens-tu combattre et contre qui ? »
Dans l’Histoire socialiste de la Révolution française, rééditée en 2014 aux Editions sociales.
Comme j’ai eu raison de lui dire cela ce 23 avril à Carmaux , et je savais ce que je lui disais car après avoir entendu des textes de Jaurès lors d’une soirée d’hommage au tribun, je ressentais une sorte de blasphème dans la démarche du président, surtout à travers la politique qu’il met en place depuis deux ans et demi ! Et combien de gens me remercie encore aujourd’hui, ceux opposés à lui, comme ceux de gauche et de cela j’en suis très fière!!!! La dame de Carmaux anonyme