Henri Guillemin parle de Jaurès

Historien, intellectuel, Henri Guillemin s’est beaucoup intéressé à Jean Jaurès, auquel il a notamment consacré un passionnant ouvrage : L’Arrière-pensée de Jaurès.

Ici, dans le cadre d’une série d’émissions de la Radio Télévision Suisse, L’AUTRE AVANT-GUERRE (1871-1914) il consacre un « épisode » au socialisme français, et à Jean Jaurès.

Regarder la vidéo :

http://youtu.be/lESGRcPTBnU

Henri Guillemin qui n’a jamais caché son « arrière-pensée », qu’il faut connaître pour mieux comprendre « son » Jaurès :

« Derrière tous mes livres et tous mes exposés, il y a une préoccupation métaphysique qui est évidente. Je n’ai pas cessé de croire, et je croirai de plus en plus — maintenant que je suis vieux — qu’aucune modification structurelle de la Cité n’est suffisante. Cette modification est indispensable ; mais on aura beau établir une Cité humaine où l’exploitation sera sinon effacée du moins considérablement diminuée, on aura beau établir un régime fiscal plus juste, on aura beau resserrer la hiérarchie des salaires, on n’obtiendra rien s’il n’y a pas une modification profonde du regard jeté par les hommes sur le monde et sur la vie. Le malheur restera au fond de l’individu humain si cet individu n’a pas une vue du monde qui lui permette de dépasser le désespoir. »

Dans le même entretien, Guillemin précise :

« Les arrière-pensées qui m’animent. Eh bien, vous employez ce mot sans doute parce que moi-même je l’ai utilisé dans mon livre sur Jaurès. C’était une phrase de Jaurès lui-même qui m’avait déclenché. Cette phrase, je l’ai trouvée au chapitre X de son livre sur L’armée nouvelle, écrit entre 1910 et 1911, et je me permets de la citer ici puisque je la sais par cœur : « J’ai sur le monde, si cruellement ambigu, une arrière-pensée sans laquelle la vie de l’esprit me semblerait à peine tolérable à la race humaine. » Un point. Donc, nous avons de l’aveu même de Jean Jaurès une affirmation que derrière son entreprise politique, il y a une arrière-pensée métaphysique puisqu’il s’agissait bien d’une explication du monde.

Cette arrière-pensée de Jaurès, elle n’était pas difficile à définir, étant donné que lui-même avait écrit son livre De la réalité du monde sensible en 1892, livre dont il a dit en janvier 1910 à la Chambre : « Je n’en renie pas une syllabe et il est resté la substance même de ma pensée. »

[NDLR : On trouvera dans l’article de Madeleine Rebérioux publié sur une autre page de ce site un tout autre point de vue sur cette affirmation de Jaurès… comme sur sa pensée religieuse]

[Sur ce site, l’intégralité de l’entretien de Guillemin où celui-ci explique sa démarche et sa pensée : http://www.spa-entouteslettres.be/hgarriere-pensee.html]

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NDLR : Rappelons aussi ces mots prononcés par Jaurès lors du « Discours à la jeunesse » (Albi, 1903) : « Si l’idée même de Dieu prenait une forme palpable, si Dieu lui-même se dressait visible sur les multitudes, le premier devoir de l’homme serait de refuser l’obéissance et de le traiter comme l’égal avec qui l’on discute, mais non comme le maître que l’on subit. »

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